L’uniformisation des Whois chemine : les Pourquoi au-delà des Comment
Session animée à l'ICANN58 le mercredi 15 mars lors du Registrar Whois Validation Group, au cours de laquelle les Registrars participants étaient appelés à déterminer s’il était possible, et par quel moyen, d’identifier un prestataire apte à mettre en place un système de validation des d’adresses présente dans le WHOIS ; et dire dans le même temps si cette solution était techniquement et économiquement viable.
« Comment » uniformiser les données Whois
Au-delà de la difficulté de la tâche elle-même (Existe-il un système universel propre à s’adapter à tous les pays ? Qui va prendre en charge le coût économique ?…), ajoutée aux difficultés de la progression d’un groupe vers une décision collective, des doutes sont vite apparus sur la pertinence de la mesure. Une des remarques les plus notoires et les plus paradoxales était que, si un système « infaillible » était mis en place pour que TOUTES les adresses soient complètes et au bon format, alors les éventuels contrevenants seraient encore plus à même de se dissimuler, tant le caractère parfois farfelu de certaines données constitue un critère de repérage pour les tenants de la protection des marques en ligne.
Nul doute que le chemin sera long, mais au-delà du fait que l’obligation de réussite soit mentionnée pour les Registrars au contrat RAA 2013, il reste selon nous une interrogation fondamentale : que cherchons-nous donc à accomplir ?
Noms de domaine : des enjeux économiques et de propriété intellectuelle
Les noms de domaine ont parcouru un long chemin : de marqueurs utiles évitant de retenir autant d’adresses IP, en commodités pour afficher quelques pages Web de qualité diverses, ils sont à présent devenus le support d’une activité Digitale dont les enjeux économiques vont sans cesse croissant. Mais ce qui n’a que peu changé sur les extensions dites « ouvertes » (et notamment le .COM, extension dominante encore à ce jour), c’est le caractère purement déclaratif des renseignements mentionnés par l’impétrant. Et comme signalé plus haut, si on peut estimer qu’une partie des inexactitudes est fortuite, le manque de véracité des informations vient, dans les cas d’atteinte les plus criants, barrer régulièrement la route de bien des intervenants de la propriété intellectuelle.
Retrouver l’identité du titulaire d’un nom de domaine à travers le Whois
Or, la démarche entreprise dans le cadre du RAA 2013 vise-t-elle à pallier à cet état de fait ? Certainement non, puisqu’elle s’intéresse à la forme à défaut de traiter le fond. Une exactitude dans la forme va-t-elle au moins apporter un mieux ? Pas nécessairement, puisque les « fausses informations » seront alors « parfaitement implémentées » (voir plus haut), mais pas plus fiables pour autant.
Non, pour apporter une véritable amélioration dans ce domaine, l’industrie devrait accepter de se transformer de façon fondamentale et, à l’instar de certaines extensions fermées, de contrôler fermement les données fournies lors des dépôts. Il conviendrait alors d’exiger systématiquement des preuves « régaliennes » lors de l’enregistrement, documents d’identité et autres KBIS issus des systèmes de validation étatiques. Mais l’obstacle car il y en a un, est qu’un marché de masse se marie fort mal avec une régulation stricte, ce que les performances relatives des extensions ouvertes par rapport à leur cousines « régulées » démontrent tous les jours ; et que la communauté ne semble pas encore prête à admettre que ces mesures seront sans doute nécessaires si les enjeux portés par les noms de domaine continuent à croitre tels qu’ils le font. Le fonctionnement même du système s’en trouverait bouleversé, et le temps d’un web ouvert et collaboratif s’éloignerait encore un peu plus.
Nous sommes donc encore loin de cette démarche et le RWVG n’aura pas à s’en préoccuper. Et pourtant, devant les enjeux croissants, il faudra bien un jour nous interroger sur les Pourquoi au-delà des Comment.