S'adapter aux nouvelles extensions internet
Depuis le 12 janvier 2012, l’autorité mondiale de régulation des extensions internet ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) permet de soumettre un dossier de candidature pour obtenir son propre suffixe. La fin des enregistrements des prétendants aux nouvelles extensions internet (« NewGTLD ») se termine le 29 mars 2012. L’ICANN attend plusieurs centaines de dossiers (.AQUITAINE, .PARIS, .BANK, .GAY, .WINE…) dont des extensions entreprises (.CANON).
Découvrez notre analyse sur l’obtention de votre propre TLD en répondant conformément au guide du candidat. Commencez également à adapter votre stratégie de dépôts et de surveillance de noms de domaine.
L’ICANN est un organisme privé, à but non lucratif, qui assure la coordination technique du « DNS ». Il doit garder un système d’identification internet unique ainsi que la racine internet durable et stable. Parmi ses missions, l’ICANN doit introduire de nouvelles extensions internet pour promouvoir la compétition entre les registres, les bureaux d’enregistrement (« registrars ») et donner ainsi plus de choix aux internautes.
C’est dans ce cadre que le programme « NewGTLD » a été initié. L’ICANN souhaite encourager la participation des communautés linguistiques (incluant les extensions dans les caractères non latins, « IDN »), culturelles et géographiques à ce projet.
200 projets de nouvelles extensions internet connus
Parmi ces suffixes, nous retrouvons des projets continentaux comme les .AFRICA, .EAC, .LAT… Au niveau régional , la France dispose de quatre projets identifiés : .AQUITAINE, .BOURGOGNE, .BZH, .CORSICA. Le reste de l’Europe (ex : .AND, .BAYERN, .EUS, .GAL, .SCOT, .VLX…) et du monde (ex .FLORIDA, .QUEBEC…) rassemblent plusieurs dizaines de projets.
Les villes candidates (« cityTLD » ) sont aussi nombreuses sur le vieux continent (ex : .BERLIN, .BUD, .LONDON, .MADRID, .MOSCOW, .PARIS, .ROMA, .VAL…) que sur les autres continents : .MELBOURNE, .MIAMI, .NYC, .SFO, .SYDNEY, .VEGAS, .TOKYO…
Une autre grande catégorie concerne les extensions sectorielles sous le modèle des précédents .JOBS, .MOBI ou .TRAVEL. Parmi les projets notables, nous pouvons citer les .BANK, .FAM, .FILM, .FREE, .GMBH, .HOTEL, .HORSE, .LAW, .MUSIC, .NEWS, .POKER, .RADIO, .RESTAURANT, .SHOP, .SKI, .SURF, .TAXI, .VIP, .WINE…
Combien de marques vont créer leur « dotBrand » ?
Face à la multiplication de ces nouveaux suffixes, des sociétés ont décidé de créer leurs propres extensions internet (« dotBrand »). Elles sont peu à s’être officiellement déclarées (ex : .CANON) mais elles risquent de constituer la majorité des dossiers. Melbourne IT, un des géants anglo-saxons, annonce une centaine de projets. Avec un .MARQUE, l’entreprise possède une partie de l’internet et donne un caractère notoire mondial à son entreprise. Dans sa gestion quotidienne des noms de domaine, elle est moins susceptible de racheter des adresses déjà prises par des tiers sur le second marché. Le cybersquatting est moins redouté si les internautes ont assimilé que les sites officiels de la société sont uniquement accessibles via une adresse se terminant par .MARQUE.
Dans certains secteurs sensibles (ex : bancaire, pharmacie, luxe…), le « dotBrand » peut certifier des noms de domaine. Les .BNP, .CIC .LCL ne sont pas utilisés pour du « phishing ». Les adresses en .PFIZER ne délivrent que du vrai Viagra. Les domaines en .ROLEX sont des revendeurs officiels des célèbres montres non issues de la contrefaçon….
La position des géants du web sera scrutée. Que fera Facebook de son extension ? Un Oasis qui compte deux millions de fans devra t’il payer le réseau social pour une adresse internet du type oasis.facebook ? Même problématique pour le .TWITTER. Google va-t-il mettre en location des noms de domaine comme banque.google sous le même principe que son programme Adwords ?
Si 200 projets sont aujourd’hui connus, l’Icann a prévu d’être capable d’en absorber 500 pour respecter son calendrier de lancement.
Un guide du candidat de 350 pages pour répondre à 50 questions
Chaque porteur de projet doit s’appuyer sur le guide du candidat (« Applicant Guidebook ») dont la dernière mise à jour a eu lieu le 11 janvier 2012, la veille de l’ouverture du programme. Ce document de 349 pages en langue anglaise est le document de référence pour que chaque personne morale candidate réponde aux cinquante questions du formulaire en ligne « TAS » (« TLD Application System »).
Ce « TAS » comprend 50 questions réparties dans les grandes catégories suivantes :
- Identification du demandeur (« applicant ») (1 à 12).
- Identification de l’extension (13 à 17, 19 et 20 pour les extensions communautaires, 21 pour les noms géographiques).
- Nature, objectifs et missions de l’extension (16 et 18). Le candidat y présente son projet de charte de nommage incluant les conditions d’éligibilité.
- Aspects techniques (23 à 44). Ces réponses font appel à un opérateur technique de registre compétent sur les questions précises comme DNSSEC, EPP, IPV6…
- Aspects financiers (45 à 50). Le candidat doit détailler un modèle de projection reprenant les coûts et dépenses d’investissement détaillés, les financements et recettes, ainsi qu’un plan d’urgence en cas d’imprévus.
Dernier élément, le candidat doit s’acquitter de 185 000 dollars auprès de l’ICANN pour soumettre son dossier. Ces frais ne sont que la partie émergée du projet. Le candidat doit également prévoir l’assistance d’un opérateur de registre pour la partie technique et soustraite souvent l’étude de faisabilité et d’opportunité ainsi que l’accompagnent de projet à la création à un consultant tiers. Les coûts de communication ne sont pas à négliger pour que l’internaute comprenne l’intérêt d’une extension parmi plusieurs centaines nouvelles.
Les montants investis peuvent vite grimper mais n’ont rien d’effroyables pour les candidats motivés. Pour rappel, Facebook a dépensé 8,5 millions de dollars en novembre 2010 uniquement pour le nom de domaine fb.com.
En mai 2012, l’ensemble des projets soumis sera officiellement dévoilé à l’issue de la période d’ouverture (12 avril 2012). L’ICANN a déjà reçu 25 enregistrements en une semaine d’existence du « TAS ». Une grande partie des projets sera surement déposée après la prochaine réunion de l’ICANN au Costa Rica (11-16 mars 2012).
Adapter sa stratégie de dépôts et de surveillance de noms de domaine
Les marques vont devoir s’adapter à l’arrivée massive de nouvelles extensions internet. L’ICANN a prévu la création d’une base unique de données de marques authentifiées (« Trademark Clearinghouse » TMCH) permettant aux sociétés d’activer des dépôts de noms de domaine durant les périodes d’enregistrements prioritaires (« sunrise period »). Si l’enregistrement dans tous ces nouveaux suffixes n’est pas conseillé, certains dépôts semblent incontournables. Il est délicat d’imaginer un L’Oréal se passer d’un loreal.paris ou un France 3 de france3.aquitaine. Les marques de mode pourront-elles se passer de l’achat de leur nom de domaine dans les grandes villes du monde (.LONDON, .NYC…) ? Les enregistrements de noms de domaine dans les extensions génériques correspondant à son secteur d’activité seront difficilement évitables. Accor peut-il ne pas bloquer ses marques en .HOTEL ? La Française des Jeux oublier le .POKER ? Quiksilver le .SURF ? Angelus le .WINE ? Les surveillances de dépôts de nouveaux noms de domaine comme KeepAlert.fr ont de beaux jours devant eux.
Ces nouvelles extensions pourront aussi remplir les missions originales confiées à l’ICANN : offrir plus de choix aux internautes. L’entreprise de plâtrerie de Pontonx sur Adour dans les Landes pour disposer d’une adresse internet simple et efficiente sur son marché cible comme platrerie.aquitaine alors qu’il ne peut pas accéder à platrerie.com ou .FR déjà pris par des tiers.