Un fan attaqué par Lady Gaga en UDRP
L’artiste américaine a engagé une procédure extrajudiciaire contre un fan titulaire du nom de domaine ladygaga.org. Sa plainte a été rejetée car l’usage non commercial du site internet a été jugé légitime. Pourquoi la chanteuse a choisi d’attaquer le propriétaire de ce nom de domaine alors que plus de 1 800 domaines sont enregistrés principalement par des tiers autour de son nom ? Retour sur une « bad romance » sur fond de « celebrity squatting ».
Quelle mouche a piqué Stefani Joanne Angelina Germanotta ? La célébrité la plus puissante de l’année 2011 selon le magazine Forbes a utilisé le centre de médiation américain National Arbitration Forum (NAF) pour récupérer le nom de domaine ladygaga.org.
En précisant clairement que ladygaga.org est un site de fan non officiel, sans but lucratif, le défendeur a démontré un intérêt légitime à exploiter le nom de domaine. Pour les experts, « Lady Gaga ne peut pas avoir la gloire sans ses fans, et les fans ne peuvent pas avoir de sites sans faire référence à l’objet de leur adoration ».
Le choix précis d’attaquer ladygaga.org est étonnant parmi le nombre élevé de domaines reprenant à l’identique, au contenant ou à l’approchant la marque Lady Gaga.
En septembre 2011, la plateforme de surveillance de marques sur Internet Keep Alert a détecté plus de 1 800 domaines actuellement déposés. La star n’en détient qu’une trentaine pour son site officiel ladygaga.com et heartbeatsbyladygaga.us suite à un partenariat avec le producteur de Hip-hop Dr. Dre pour développer des écouteurs ultra performants.
Le nom de l’interprète de « poker face » est enregistré à l’identique dans pratiquement toutes les extensions génériques ou pays, parfois peu connues comme ladygaga.dj (Djibouti), ladygaga.mn (Mongolie), lady-gaga.name (générique) ou lady-gaga.ws (Western Samoa). Les cas de typosquatting sont aussi fréquents comme ladygagaaa.com, ladi-gaga.ru (« i » à la place du « y »), inversion des deux noms (gagalady.net) ou le classique « dotsquatting » wwwladygaga.com.
250 noms de domaine autour de ses shows, 160 pour son look
La grande majorité des noms de domaine déposés autour de Lady Gaga comporte le nom de la chanteuse associé à des termes descriptifs. Comme pour les marques, il y a des mots génériques récurrents comme :
- « blog » (20 noms de domaine enregistrés, ex : ladygagablog.net),
- « buy » (15 domaines du type buyladygaga.net),
- « club » (20 dont clubladygaga.com) ou
- « new » (30, ex. : newladygaga.info).
Il y a ensuite des centaines de noms de domaine liés aux activités de l’interprète. Ses spectacles font l’objet d’un culte avec :
- 100 noms de domaine contenant le mot « ticket » (ex : ticketstoladygaga.com),
- 85 avec « concert » (ex : concertsladygaga.com) ou
- 70 « tour » (ex : ladygagatourdates.net).
Forcément, les mots artistiques sont très présents parmi les noms de domaine enregistrés au contenant comme :
- « video » (60 domaines, ex : videosdeladygaga.com.ar),
- « music » (50, ex : ladygagasmusic.com),
- « lyric » (20, ex : ladygagatheedgeofglorylyrics.com),
- « pic » (20, ex : ladygagapictures.info) ou
- « song » (20, ex : ladygagasong.com)
Son look atypique attire aussi les déposants de noms de domaine. Une centaine comprend les termes issus de la mode :
- « costume » (ex : bestladygagacostumes.com),
- 20 « outfit » (tenue en anglais, ex : ladygagaoutfitideas.com),
- 20 « dress » (robe en anglais, ex : dress-as-lady-gaga.com),
- 20 « glass » (pour lunettes en anglais, ex : ladygagaglasses.net).
Le nom des albums de l’artiste (45 noms de domaine avec le mot « monster » dont ladygagamonsters.org) ou les titres de ses singles sont aussi présents comme bornthiswayladygaga.net, lady-gaga-alejandro.org, lady-gaga-bad-romance.com, lady-gaga-judas.com ou lady-gaga-poker-face.ru.
Le nom de la chanteuse est aussi associé :
- aux principaux pays du monde (ex : ladygagaitalia.com),
- à des années (Keep Alert a relevé le dépôt futuriste de ladygaga2015.com).
- à de grandes marques Internet : ladygagagoogle.com, lady-gaga-twitter.com, ladygagayoutube.org
Presque un millier de sites de fans
Si Lady Gaga a décidé d’attaquer tous ses fans titulaires de noms de domaine reprenant son nom, ses représentants juridiques vont avoir du travail ! 51 % des domaines enregistrés sont des sites actifs traitant de sa personne. Les fans sont majoritaires. 50 noms de domaine le précisent même avec la mention « fan » dans leur URL comme ladygagasfanmovement.com. 20 domaines sont « love » de la chanteuse (ex : loveladygaga.ru).
32 % des noms de domaine sont utilisés à des fins mercantiles avec les traditionnelles pages parking et leurs liens publicitaires. Lady Gaga n’aurait aucun mal sur la base de sa marque et de cet usage de mauvaise foi à récupérer ces noms de domaine litigieux auprès des centres d’arbitrage. Elle a préféré ladygaga.org… Même chose pour les 13 % des sites non actifs dont la simple détention (« passive holding » en anglais) est majoritairement jugée comme de la mauvaise foi selon la jurisprudence.
Keep Alert a également détecté une trentaine de noms de domaine pornographique grâce à son dernier libellé contenu adulte. L’artiste a d’ailleurs vu son nom ladygaga.xxx bloqué par le registre de la nouvelle extension pornographique .XXX (lire notre article à ce sujet : .XXX, du blocage à l’activation).
La star ne compte pas uniquement du contenu pornographique parmi les noms de domaine la dénigrant. Jugez plutôt : anti-lady-gaga.com, fuckyouladygaga.com, godhatesladygaga.com, ihateladygaga.com, isladygagaaman.org, ithinkladygagasucks.com, ladygagahasadick.com, ladygagahermaphrodite.org , ladygagaruinedme.com, ladygagasucks.com…
Face à ces noms de domaine litigieux, le choix de la star d’attaquer le propret ladygaga.org est incompréhensible. Quelle sera l’ordalie de ses fans ? ladygagatruth.info ? Est-ce qu’ils reprendront en cœur la chanson iwannashootladygaga.com pour que ladygagarip.com ? Est-ce qu’ils lui pardonneront en lui souhaitant un heureux évènement (ex : ladygagapregnant.com, lady-gaga-first-child.info). La star aux 14 millions de « followers » sur Twitter se payera-t-elle sa propre nouvelle extension internet comme l’espère dotladygaga.com ?*
La stratégie de défense des droits des personnalités est sensible. Keep Alert, plateforme de surveillance de marques sur Internet, détecte également les pratiques douteuses touchant les noms d’artistes, politiques ou sportifs, parmi les noms de domaine, régies publicitaires (ex : Adwords), médias sociaux (Facebook, Twitter, YouTube, Wikipedia…). Chaque résultat détecté fait l’objet d’une capture d’écran horodatée et d’une qualification de contenu.
Pour en savoir plus :
- Lire notre article à ce sujet : .XXX, du blocage à l’activation - Lire la décision complète - Contactez Keep Alert pour une première étude gratuite.