La belle inconnue des pages parking
Le cybersquatting consiste souvent en l’affichage de liens publicitaires en correspondance avec la marque squattée : la page parking. Une des plus connues représente une jeune fille blonde avenante. Vous la connaissez ?
Les pages parking proposent des liens sponsorisés via un intermédiaire qui vend cet espace publicitaire à un fournisseur de liens comme Google. Le titulaire du nom de domaine litigieux (Showwroomprive.com avec un typosquatting qui double le w) ou générique (Meteo.com) est rémunéré à chaque clic effectué sur la page en question.
De nombreux acteurs se partagent ce marché comme Sedo, Domainsponsor, Fabulous, Name Drive, Parked ou TrafficZ. Le phénomène est grandissant. Le premier bureau d'enregistrement au monde, Go Daddy, procure également ce service intitulé « Cash Parking ». Même Google s'y est mis avec son programme « Google Adsense for Domains ».
Il existe beaucoup de modèles de pages parking. Elles sont majoritairement austères : le titre de l'annonce, quelques mots et un lien url vers l'annonceur. D'autres les enjolivent, en les ornant de quelques photos bien choisies. Dans cette forêt de pages parking, vous avez déjà dû croiser le regard de cette jeune fille.
Toujours souriante, affable, elle illustre les services de Hotkeys, des pages délivrées par la société californienne Demand Media qui possède également le bureau d'enregistrement Enom. Ce dernier gère plus de huit millions de noms de domaine, il est classé deuxième registrar mondial.
À force de la croiser, elle fait l'objet de nombreux débats entre accros aux noms de domaine comme moi. Sa coupe de cheveux dégradée, ses lèvres roses, son petit débardeur blanc, ses deux mains serrant son sac à dos... Jansport ou Eastpak ? Vraie blonde ? Des racines noires semblent la trahir... De quelle nationalité es-tu ? Ou habites-tu ? Je me surprends à la tutoyer...
Débats et tourments nocturnes
Je l'imagine sur un campus américain, sortie tout droit de la série TV « Beverly Hills 90210 ». Je lui donne un prénom : Kelly. Elle le porte si bien, non ? En rendez-vous, je la présente à des clients sur leurs noms de domaine squattés. Ils ne lui en veulent plus. Ils la connaissent. Eux l'appellent Cherry et la croient anglaise. Nous débattons forcément. Férocement.
Elle hante nos nuits au point qu'on ne peut plus garder son amour caché sous silence. C'est décidé, j'écris sur elle. Je lance un avis de recherche. Je me renseigne auprès de spécialistes (merci à Rémy Sahuc). Il m'indique que quelqu'un l'a déjà retrouvé. Après une enquête poussée, Henry Michel (un bloggeur qui a un avis sur tout) a trouvé son identité. Je me rassure. Je ne suis pas le seul esprit qu'elle tourmente. Elle s'appelle Hannah, vit aux États-Unis et est désormais mariée. Triste nouvelle pour ses nombreux prétendants. Nous pouvons noyer notre chagrin sur un mur de photos qui rend hommage à son éternelle jeunesse.
À bientôt Hannah. Tu resteras la plus pétillante des pages parking que je n'ai jamais rencontrée. Tendrement.