Les sites de contrefaçon en première page de Google
La Chambre de commerce internationale estime à plus de 1 000 milliards de dollars par an les pertes liées à la contrefaçon pour l'économie mondiale . Ce phénomène s’est considérablement développé sur Internet. Les contrefaisants incluent le nom de la marque visée dans des noms de domaine utilisés pour ces sites contrefaisants. Les préjudices financiers grimpent quand ces fausses boutiques se positionnent dans les premiers résultats des moteurs de recherche. Illustrations de « Black Hat Seo » avec Abercrombie & Fitch, Lancel ou Louboutin. Saisissez la requête « Louboutin » sur Google France. Vous serez étonné de constater l’affichage de sept boutiques contrefaisantes dans les dix premiers résultats.
Référencer ce type de boutique avec de mauvaises intentions s’appelle le « Black Hat SEO ». Ces derniers mois, les sites de contrefaçon arrivent à se placer dans les tous premiers résultats des moteurs de recherche. Ils ont appréhendé rapidement les algorithmes des moteurs pour bénéficier d’une audience maximale.
Ces sites esthétiquement aboutis proposent à des tarifs discounts des produits de contrefaçon. L’internaute moyen peut rapidement être trompé par les images des produits souvent extraites des sites officiels.
Quand la requête sur une marque comme Lancel vous propose en deuxième résultat le nom de domaine lancelbrigittebardot.com, le site bénéficie de la confiance de l’internaute. Il interprète ce référencement optimal comme un gage de sûreté. Quelques indices peuvent l’alerter. En regardant de plus près le texte associé au site lancelbrigittebardot.com, il pourrait remarquer l’absence de « e » à « meilleur qualité » ou « site official » à l’anglaise au lieu d’officiel en français.
Buy, shop, store associé à la marque dans le nom des fausses boutiques
Le livre blanc sur le cybersquatting publié par Keep Alert , plateforme de surveillance de marques sur internet, a révélé que 59 % des noms de domaine litigieux contiennent la marque visée. Elle est associée à des termes génériques comme « buy » (3,3 % des décisions UDRP, Uniform Domain Name Dispute Resolution Policy en 2011), « shop » (3,2 %), « sale » (2,4 %), « store » (2 %) ou « outlet » (1,3 %).
L’industrie de la mode (25 % des requérants auprès de l’OMPI) est particulièrement touchée avec des litiges gagnés pour les ayants-droits contre des boutiques contrefaisantes comme (D2011-1754), (D2011-2020) ou (D2011-1493).
En avril 2012, Hermès a récupéré en une seule décision UDRP (D2012-0264) 74 noms de domaine litigieux utilisés pour des boutiques de vente de contrefaçons. En mars 2012, la société de luxe a également obtenu du Tribunal de New York le transfert de 34 noms de domaine illicites détenus par des chinois ainsi que le versement 100 millions de dollars de dommages et intérêts . La procédure judicaire pose cependant le problème de la solvabilité des condamnés. Les procédures UDRP permettent d’obtenir rapidement (autour de deux mois) le transfert des noms de domaine litigieux et l’arrêt du préjudice.
Ces sites contrefacteurs sont esthétiquement très aboutis, reprennent les égéries de la marque (Roger Federer visible dans le nom de domaine litigieux wilsontennissale.com, FA1202001430578, mention de Brad Pitt sur tagheuer-watches.com, D2011-1703), affichent les logos des solutions de paiement sécurisés…
Une stratégie efficace pour identifier les sites contrefaisants consiste à détecter, et suivre au fil du temps, l’ensemble des noms de domaine enregistrés reprenant à l’identique, au contenant ou à l’approchant (« typosquatting ») une marque. Parmi les noms de domaine identifiés, il faut ensuite cibler prioritairement ceux qui sont associés à des boutiques en ligne. Il est nécessaire de rechercher la présence d’autres noms de domaine figurant sur la même adresse IP. Enfin, il faut collecter le plus d’indices caractéristiques d’une activité illicite : tarifs anormalement bas, présence de fautes d’orthographe, reprise non autorisée d’images ou de textes de sites officiels, utilisation de « registrars » sensibles…
Qualification avancée des boutiques de contrefaçon
Keep Alert permet d’automatiser ce type de surveillance parmi les noms de domaine. Le périmètre couvre l'ensemble des extensions génériques (.COM, .NET, .ORG...) et pays (.CN, .DE, .CO.UK...) et leurs second-level domains (ex : .CO.JP), soit quelques 750 suffixes. Chaque résultat fait l'objet d'une capture d'écran horodatée et d’une qualification automatique de l’usage du nom de domaine: boutiques en ligne, page parking vers des liens concurrents, page d’attente du registrar, redirections vers un site tiers, contenu adulte, inactif…
Keep Alert vous alerte des nouveaux noms de noms enregistrés, des noms abandonnés ou ayant changé de contenu parmi l'ensemble des extensions. Cette dernière fonctionnalité est très utile car les marques sont parfois confrontées à des milliers d’enregistrements de noms de domaine. Financièrement, elles ne peuvent pas engager une procédure juridique pour chaque cas parfois peu sensible (page d’attente du registrar, inactif…). Si un nom de domaine devient subitement une boutique de contrefaçon en ligne, la marque sera alertée par le système.
Afin de lutter contre les boutiques de contrefaçon en ligne, il est recommandé de :
- Mettre en place une surveillance de noms de domaine correspondant aux marques de la société
- Détecter les changements d’usage des noms de domaine « monitorés ».
- Mener des actions juridiques en cas de préjudices financiers
- S’assurer de la bonne récupération des noms de domaine litigieux avec votre registrar